Comportement responsable dans les établissements secondaires de Bujumbura: l'autre bataille de S

Il fallait voir les visages de ces jeunes élèves en pré-puberté, ce mardi 3 novembre 2015 au siège de la SaCoDé. Anxieuses, certaines mal à l'aise, d'autres affichant une franche curiosité, ces jeunes filles du Lycée Municipal de Gihosha dont l’âge variait entre 11 et 15ans découvraient pour la première fois une vidéo parlant de la menstruation et de sa gestion pour une hygiène sexuelle responsable. Moment d'autant plus spécial que nombre de ces jeunes n’ont pas encore eu leurs premières règles.

Trois jours plus tard, c’était au tour de leurs grandes sœurs du Lycée Intercontinental d’être accueillies au siège de la SaCoDé, une vingtaine d’élèves dont l’âge varie entre 17 et 19 ans et pressées d'apprendre d'avantage sur « les choses ».

Même procédé : projection d’une vidéo éducative sur la menstruation et sa mise en contexte par le Dr Eric Niyongabo, responsable du projet Biraturaba/SSR, puis les questions. Alors que les plus jeunes veulent savoir comment gérer les douleurs liées aux règles, prédire avec exactitude la date de leur manifestation ou comprendre pourquoi « cela prend trois ou quatre jours et non une période fixe», leurs aînées seront beaucoup plus intéressées par le calcul de la date d'ovulation, les précautions à prendre lors des rapports sexuels pour éviter de tomber enceinte, ou encore les effets des médicaments anti-douleurs sur le long terme.

Des séances qui se sont révélées extrêmement utiles pour ces élèves. « Regarde, l'animateur est un jeune comme nous. Cela change immédiatement l’atmosphère quand arrive l'heure des questions. Nous sommes plus libres. En classe ou à la maison, nous avons en face de nous des parents et c'est très délicat de poser certaines questions ... », témoignera une élève du Lycée Intercontinental.

A l’atmosphère fraternelle des séances s'ajoute la pertinence du contenu de la vidéo, qui, tout en surfant sur les détails, montre l'essentiel sur le cycle menstruel : les périodes d'avant, pendant et après l'ovulation, le calcul des étapes du cycle, avec des témoignages directs de jeunes burundaises.

Dr Eric Niyongabo revient sur la pertinence du projet :« C’est important de savoir gérer son cycle menstruel, pour les élèves surtout. Il y a plusieurs cas de jeunes filles qui abandonnent leurs études à cause des grossesses non désirées, d'autres qui courent d'énormes risques lors de l'accouchement, d'autres qui se retrouvent avec des résultats scolaires médiocres suite au stress que leur causent les règles. »

Enthousiaste, il précise que ces rencontres de mardi et jeudi vont se poursuivre avec d'autres établissements scolaires de la capitale, en y incluant des séances mixtes garçons/filles.

« Les responsables des établissements scolaires apprécient notre programme. En plus du transport des élèves et de leur rafraîchissement, les connaissances qu'ils obtiennent chez SaCoDé complètent grandement les maigres informations obtenues en classe et leur permettent de gérer avec efficacité leur santé sexuelle » explique pour sa part Alain Joseph Hatungimana, chargé du suivi et évaluation des projets SaCoDé.